La marque du web

Télévision : la dictature de l’audience ?

Voilà le titre de la conférence qui s’est déroulée le 21 octobre dernier, lors des rendez-vous de l’histoire à Blois. Elle a été tenue par Monique Dagnaud, sociologue, écrivain, administrateur du Monde, ex-membre du CSA et Emmanuel Charonnat, DGA de Starcom (groupe Publicis). Cécile Méadel, spécialiste des technologies de l’information, animait le débat.
« A la télé, l’audimat est souvent associée à la publicité, lance, en guise de préambule, Monique Dagnaud. Mais dans les autres médias, comme la presse écrite, ou le net, les paramètres économiques comme la diffusion payée, le nombre de pages vues ou de visiteurs uniques, ne sont pas eux chargés d’aspect négatif. Au-delà de l’audimat, c’est donc la vision même de la télé qui est négative », conclut-elle. Image véhiculée par les programmes diffusés par les grandes chaînes et qui visent l’audience la plus large possible ? Comme les programmes de télé-réalités, les téléfilms policiers… Emmanuel Charonnat surenchérit, tout en rappelant la façon dont est mesurée l’audience : « les personnes qui constituent le panel (3150 foyers, soit 8200 personnes âgées de 4 ans et plus) doivent appuyer sur le bouton poussoir du boîtier Médiamétrie dès qu’ils ont allumé la télévision  et dès qu’ils sortent de la pièce. De cette manière, le boîtier enregistre tout ce qu’il regarde quand ils sont présents dans la pièce où la télé est allumée. Effectivement, TF1 domine largement les autres chaînes, avec plus de 30 % de parts d’audience. Toutefois, avec la multiplication des chaînes, l’audience tend à se morceler. » Ce que confirme Monique Dagnaud, reprenant à son compte la théorie du sociologue Jean-Louis Missika : « la culture audiovisuelle actuelle va éclater avec la multiplication des chaînes. Finalement, ce sont les créateurs de contenus qui vont prendre le pas sur les diffuseurs ». Le mot de la fin revient à Cécile Méadel, qui forte de son expertise du média radio assène : "le risque qui nous guette avec la multiplication des chaînes, à l’instar de ce qui s’est passé avec la multiplication des radios, c’est la pauvreté des programmes. Donc au bout du compte, le téléspectateur est toujours perdant ».   

Media numérique : Lagardère copie Springer

"Les télévisions, au sens classique, ont été un formidable vecteur de croissance, ce n'est plus le cas", Ainsi s’exprimait Arnaud Lagardère (patron du groupe éponyme), dans un article du Monde publié le 12 septembre. Autrement dit : c’est le moment de trouver de nouveaux relais de croissance… D’où le rachat de Newsweb, pour acquérir des sites média. Puis d’ ID Régie,  pour commercialiser de l’audience. Puis de Nextedia, pour faire de l’achat média. Rappelons qu’en début d'année, Lagardère Active s'était fixé comme objectif de réaliser 5% à 10% de son chiffre d'affaires dans le numérique à fin 2009. Cette stratégie numérique n’est pas sans rappeler celle de Springer (Bild, TéléMagazine), qui s’est emparé d’Aufeminin.com puis de Zanox, seconde plate-forme d'affiliation européenne. Autrement dit le mot d’ordre aujourd’hui est bien : miser sur le numérique. Car les annonceurs sont de plus en plus intéressés par le net et de moins en moins par les médias traditionnels. Un chiffre parlant : la publicité en ligne s’élèvera à 11 mds de dollars en 2011. En ligne, toute ! En ligne même d’abord ! Ainsi en Allemagne, sur les terres de Springer, son quotidien « Die Welt » est un précurseur de la pratique qui consiste à publier d’abord les infos sur le net avant de les relayer dans le journal papier. La convergence des médias (pour le contenu), avec outil intégré de planification plurimédias (pour la pub). Serait-ce aussi l’avenir de Lagardère ?

Reporter-réalité : un nouveau métier ?

Christophe Beauregard, photographe, a consacré un reportage aux SDF, mais sur ses clichés figurent des acteurs et non des inconnus pris au hasard dans la rue. Son but : mettre en scène la pauvreté. Un objectif qui peut choquer mais finalement, je m’interroge. Dans le dernier numéro de Paris Match, j’ai vu des photos de l’exécution en Iran d’un jeune, pendu devant sa famille. Juste avant de mourir, il sourit crânement à sa famille. Et dans le dernier numéro de Marianne, je lis que des journalistes américains et japonais ont contacté les talibans, pour, moyennant finance, obtenir des interviews d’otages, si possibles avant qu’ils soient exécutés. Finalement, je crois que je préfère le premier « scénario ». Moins de voyeurisme et autant d’authenticité. Et vous ?

Orange tisse sa toile

L’évolution d’une marque reflète celle de son époque. C’est d’autant plus vrai avec Orange. A l’origine, il s’agissait de la marque phare de France Telecom, opérateur de téléphonie fixe et mobile. Aujourd’hui, tout en poursuivant sa stratégie d'opérateur "intégré" et multi écrans, Orange s’inscrit comme un acteur majeur de l'internet avec ses services 2.0.
Illustration :
- Un portail internet qui bat des records d’audience : Selon Médiamétrie/Net Rating, le site enregistre 15,1 millions de visiteurs uniques et une homepage visitée par 9 millions d'internautes. Par ce biais, Orange entend s’inscrire dans tous les compartiments du net : e-commerce (avec Alapage), recherche (avec Voilà), e-mail et outils de partage (avec Wanadoo), photos en ligne (avec Pikeo, concurrent de FlicKr), vidéos en ligne (avec Mazonevidéo), page personnalisable (avec Bubble Top), communauté musicale (avec Soundtribes )...
- Dans la TV : en France, Orange TV représente 200 chaînes et son service VoD 2500 films et plus de 5 000 programmes. Orange a par ailleurs conclu le 2 juillet un accord avec France Televisions pour la mise à disposition sur les plates-formes internet  mobile et TV sur ADSL de l’opérateur, des programmes des cinq chaînes du groupe.
- Dans le mobile : 3,6 millions de terminaux mobiles haut débit fin 2006 et une offre TV et VoD comprenant 60 chaînes et 3 000 vidéo. Décidément, Orange est sur tous les fronts "médias"!

Les médias français… vus à l’étranger

Cocorico, nous sommes vus, lus et écoutés avec intérêt à l’étranger : voilà ce que révèle une étude de fréquentation des sites des médias français réalisée au cours du mois d’avril par la société Comscore.
Tous médias confondus, c’est RFI qui arrive en tête du sondage, avec 66 % de trafic en provenance de l’étranger. Logique ! C’est quand même Radio France Internationale !
Mais quand on regarde dans le détail, « l’audience » sur les sites de nos autres médias est également importante.
En ce qui concerne les télés, TV5.org pointe en tête avec 54% d’audience étrangère. C’est assez logique vu sa position de média francophone internationale et les services à destination des étrangers proposés sur son site (apprentissage du français, etc.). Suivent les sites du groupe TF1 (51%), grâce surtout à la version internationale d’Eurosport, puis de France Télévisions (44%) et de M6 (26%).
S’agissant des journaux cette fois, les sites de quatre des cinq plus grands journaux français ont recueilli 35 % des suffrages étrangers, le numéro un étant www.figaro.fr.
Un petit bémol quant au faible résultat obtenu par les www.humanité.fr et www.parisien.com, qui sont deux titres traditionnellement centrés sur nos préoccupations françaises. 
Enfin, huit des neuf sites de grandes radios françaises ont généré plus de 20 % de trafic depuis l’étranger. Seul RMC affiche un score en deça.
En résumé, les sites de nos médias s’exportent bien. Est-ce lié au nombre d’expatriés français qui croit ? 

Moins de télé, plus d’Internet et de radio

La télé hertzienne séduit moins les annonceurs. Ainsi, sans l’apport de la distribution, le marché serait même en baisse, à en juger les derniers résultats, les investissements bruts affichant un recul de 2 %. Ce sont notamment les secteurs des télécoms, de l’édition et de l’automobile qui ont réduit leurs dépenses sur ce média. Les explications sont plusieurs : explosion des recettes publicitaires sur les chaînes du câble (+40 %), de la TNT (119%) et du satellite (+40 %), hausses des tarifs, mais aussi report des budgets sur d’autres médias, notamment internet. Quelques exemples en vrac : Heinz vient de proposer à ses consommateurs de concevoir un spot de publicité via le site YouTube. Et Unilever et Puma viennent de lancer deux stations de radio éphémères, Rexona Biorythm et French 77. A suivre donc, notamment avec le compte-rendu demain de la conférence sur l'e-publicité élaborée par MSN.

Journalisme : amateur, professionnel, même média !

Etes-vous proam ? Un nouveau terme entendu dans les cours de récré ou le dernier soap à la mode ? Que nenni ! Il s’agit juste d’une contraction de professionnel et d’amateurs. Cette nouvelle terminologie qualifie en fait le média de demain. Car avec le cinquième pouvoir (le blog), le monde traditionnel des médias est bouleversé. D’un côté, se trouvent les journalistes professionnels. De l’autre, les citoyens, qui veulent donner leur avis, comme sur Agoravox. Faut-il pour autant les séparer ? En tout cas, la ligne de démarcation entre les professionnels et ceux qui écrivent sur des blog se révèle de plus en plus floue. Certains médias classiques vont s’aventurer sur les terres du journalisme citoyen. Exemple, comme le cite Libération du 28 mars, le journal Dauphiné Libéré qui lance quelcandidat.com. Une forme de village reporter collaboratif, où un journaliste travaille de concert avec les locaux pour réaliser des reportages. D’autres vont encore plus loin, à l’image de Wired, qui lance la semaine dernière zero.assignment.net. Là, les internautes apportent leurs infos et les journalistes les traitent, après en avoir discuté avec eux. Une vraie collaboration s’installe cette fois. Un modèle d’avenir ?

Le new deal des médias

Les français sont de plus en plus nomades. Ils passent ainsi 8h30 en 
moyenne hors de chez eux, contre 7h28 en 1999 (source TNS/Sofres). Ce sont
les médias qui en subissent les conséquences et ont de plus en plus de mal à
capter leur attention. Fini le mass média ? Jugez par vous-mêmes. Voici
quelques statistiques qui parlent d'elles-mêmes. En 10 ans, TF1 a perdu 10
points de part d'audience et France 2, cinq points. (Source
Médiamétrie/Médiamat). On parle alors de fragmentation des chaînes TV, notamment
avec les 10 chaînes de la TNT, qui percent dans le PAF.
Sinon, en 10 ans, la diffusion de la PQN a diminué de 17,8 %. Malgré
l'arrivée des gratuits, la lecture de la presse n'a progressé que de 0,9 %
en moyenne en 2006 ! (source OJD/Euro PQN).
La radio, quant à elle, a perdu 490 000 lecteurs depuis 1999. Elle
enregistre un recul de 6 points par rapport à 1999, ce qui montre la baisse
structurelle de l'audience radio. (source Médiamétrie/ZénithOptimédia). Tout
baisse donc, sauf le média web, qui compte, selon Médiamétrie/Netratings au
4ème trimestre 2006, 28,6 millions d'internautes. Pour autant, avec
notamment la personnalisation des contenus, le web est un média
communautaire. Quel sera donc le prochain média de masse ? C¹est la question
que doivent se poser tous les annonceurs !